La crise arienne au IVe siècle (3/4)

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La crise arienne au IVe siècle (2/4)

La controverse avait fait du bruit. Mais le fait que Léon XIII créa Newman cardinal en 1879 attesta de l’orthodoxie de ses dires qui, loin de critiquer l’infaillibilité, ne faisaient que la confirmer. Il existe un sensus fidei qui embrasse tout entière la foi vivante et vécue de l’Église composée d’un corps enseignant et d’un corps enseigné. Ce n’est qu’à l’Église enseignante qu’il appartient d’enseigner la vérité révélée de manière infaillible, tandis que l’Église enseignée reçoit et conserve cette même vérité. Cependant, comme l’enseignent les théologiens, à côté de l’infaillibilité dans l’enseignement, il existe également une infaillibilité dans la croyance. Le jugement du fidèle isolé n’est évidemment pas infaillible, mais l’ensemble des fidèles ne peut errer dans la foi. De fait, si le troupeau des fidèles – en son entier- pouvait errer, croyant être la Révélation ce qui ne l’est pas, la promesse divine d’assister l’Église serait compromise. À quoi servirait, en effet, la proclamation d’un dogme qui ne serait cru que par celui qui l’a proclamé, c’est-à-dire le Souverain pontife ? Au cours des soixante années de cette crise causée par l’arianisme, une déclaration infaillible de l’Église enseignante fit cruellement défaut, celle-ci apparaissant souvent incertaine et hésitante. Mais le sensus fidei conserva l’intégralité de la foi.

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Si, tout au long de la crise arienne, le peuple chrétien afficha un attachement à la foi orthodoxe plus pur que celui de leurs propres pasteurs, ce fut aussi parce qu’il ne pouvait pas comprendre les subtilités des hérétiques. Saint Hilaire de Poitiers, dans son Contra Auxentium, écrit que les ariens disaient aux fidèles – au cours de leurs prédications – les mêmes choses que les catholiques mais qu’ils opéraient dans leurs esprit des restrictions et des exceptions, si bien qu’ils pensaient d’une façon et prêchaient d’une autre. Saint Athanase ne dit pas autre chose : « Dans chaque église, les fidèles conservent la foi qu’ils ont apprise, condamnent l’hérésie contraire aux enseignements du Christ et fuient comme la peste tous les défenseurs de cette dernière. »

 

L’éminent théologien Matthias Scheeben commente : « Indubitablement, cette conviction des fidèles est, à la foi, en règle générale, le résultats et l’écho de la doctrine correspondante exprimée par le Corps enseignant, qu’elle soit actuelle ou passée. Mais tout ce que l’on peut conclure est que celle-ci est aussi un signe et une preuve de l’existence d’un enseignement traditionnel proprement dit. Elle peut avoir une grande importance quand on unité et sa précision sont à un moment donné plus pertinentes que l’unité et la précision du corps enseignant ; ou quand une partie de ce corps devient infidèle à la Tradition, comme aux temps de l’arianisme ; ou aussi quand le corps enseignant, avant de définit solennellement une doctrine qui a été contestée pendant quelques temps, veut consulter toutes les manifestations de l’Esprit de Dieu au sein de l’Église, comme pour la définition de l’Immaculée Conception de Marie. »

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